La transition vers l'énergie verte doit commencer par les 600 millions d'Africains qui n'ont pas d'électricité, selon des chercheurs
"600 millions d'Africains n'ont pas d'électricité : la transition vers l'énergie verte doit commencer par eux", 30 janvier 2025
Le monde est en train d'opérer une transition rapide vers des systèmes d'énergie renouvelable. Mais dans de nombreux pays africains, cette transition ne résout pas les inégalités historiques ou les défis socio-économiques. En effet, l'abandon des combustibles fossiles est coûteux et les gouvernements n'ont pas suffisamment impliqué les communautés historiquement défavorisées dans la transition.
Plutôt que de se concentrer sur ces enjeux, les pays africains privilégient le coût des technologies énergétiques propres et sur la manière d'inciter les entreprises à investir dans ce domaine. Les gouvernements et les décideurs politiques négligent les questions d'équité sociale, de protection de l'environnement et d’inclusion politique.
Cela peut entraîner des violations des droits de l'homme et des protestations de la part des communautés qui s'opposent aux projets d'énergie renouvelable parce qu'elles craignent une répétition des injustices passées associées aux projets d'extraction, comme la perte de leurs terres.
Le passage aux énergies renouvelables doit être une transition juste. Elle ne doit pas laisser de côté les personnes actuellement privées d'électricité. La dimension de la justice doit être intégrée dans les politiques énergétiques des pays africains...
Nous avons étudié comment les principes de justice énergétique peuvent guider et façonner la transition verte en Afrique. Ces principes sont axés sur les aspects sociaux, éthiques et environnementaux de la production, de la distribution et de la consommation d'énergie. La justice énergétique vise à garantir que l'énergie est fournie à chacun de manière durable.
Nous avons examiné des lois, des articles, des bases de données de recherche et des rapports gouvernementaux sur la justice énergétique. Nous avons également examiné des rapports de pays africains sur la transition juste, sur les approches de l'énergie fondées sur les droits de l'homme et sur le rôle des sources d'énergie renouvelables dans l'Afrique d'aujourd'hui.
Environ 600 millions d'Africains n'ont toujours pas accès à une énergie fiable et abordable. Nos recherches ont montré que cette pauvreté énergétique crée des obstacles au développement et aux droits humains...
Par exemple, elle étouffe la croissance industrielle et limite la productivité des petites et moyennes entreprises. Elle réduit l'efficacité de l'agriculture (par exemple, les systèmes d'irrigation ont besoin d'énergie). Elle réduit l'accès à l'éducation : les étudiants étudient dans des mauvaises conditions d'éclairage et n'ont aucun moyen de recharger leurs appareils. Les soins de santé sont affectés (manque de réfrigération pour les vaccins). Enfin, les gens ne disposent pas de technologies de cuisson propres, comme les fours électriques.
Nos conclusions indiquent que la transition vers les énergies renouvelables doit avant tout viser à éradiquer la pauvreté énergétique. Cela nécessite une planification minutieuse et une coopération entre toutes les organisations, communautés et institutions impliquées dans la fourniture d'énergie. Il faut également des interventions ciblées adaptées aux différents pays africains...