Vietnam : Un avocat condamné à 3 ans de prison pour des publications critiques sur Facebook
"Vietnam: un avocat condamné à trois ans de prison pour des posts critiques", 10 janvier 2025
Au Vietnam, les juges ont expliqué que Tran Dinh Trien avait partagé en ligne du « contenu non authentifié » qui « affectait la réputation des tribunaux et du président de la Cour suprême personnellement. […] Le jury a estimé que les actes de Tran Dinh Trien étaient très graves et qu'ils avaient porté atteinte à la sécurité, à l'ordre et à la sûreté sociale », a précisé l'agence de presse d'État VNA.
Les individus ou organisations ne doivent pas « profiter » de la liberté d'expression garantie dans la Constitution pour nuire aux intérêts de l'État, a insisté le média.
Chef adjoint du barreau de Hanoï entre 2013 et 2018, Trien, 65 ans, a fondé le cabinet « Vi Dan » (« Pour le peuple ») et a défendu des militants dans des affaires sensibles, comme la confiscation des terres.
Il a été arrêté en juin et suspendu du barreau, après la publication de trois posts, en avril et mai, dirigés contre le président de la Cour suprême, accusé d'empêcher la famille des prévenus d'assister aux procès, et les journalistes et avocats d'enregistrer des vidéos dans la salle d'audience, selon Human Rights Watch (HRW).
L'article 331 du code pénal, en vertu duquel il était poursuivi, punit jusqu'à sept ans de prison ceux qui « abusent des libertés démocratiques pour porter atteinte aux intérêts de l'État ». Au moins 24 personnes ont été condamnées en 2024 sur la base de ce texte dénoncé par les groupes de défense des droits...
La condamnation de Tran Dinh Trien pourrait créer un « dangereux précédent » et avoir un « effet dissuasif sur la population en général », avait prévenu avant le début du procès le groupe Project88, qui défend la liberté d'expression au Vietnam...
Fin décembre, l'entrée en vigueur d'un décret contesté sur la cybersécurité a resserré l'étau autour des dernières voix libres du Vietnam. Le « décret 147 » impose aux plateformes numériques - et à toutes les « organisations, entreprises et individus étrangers » -, de collecter les numéros d'identification nationale ou de portable de leurs utilisateurs, en plus de leur nom complet et de leur date de naissance, afin de mieux vérifier leur identité. Elles sont également contraintes de stocker ces informations et de les mettre à disposition des autorités sur demande, ainsi que de supprimer tout contenu qualifié d' « illégal » par le gouvernement dans les 24 heures.